Festival d'Anjou 2024
Visite guidée par Jean Robert-Charrier
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Même si le contexte budgétaire est contraint, on peut toujours compter sur Jean Robert-Charrier pour composer une programmation surprenante. Un cocktail de classiques, comédies mais aussi des coups de cœur qui portent les couleurs d’un théâtre engagé. Visite guidée en compagnie du directeur artistique.
# Propos recueillis par Patrick Thibault
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Des classiques
C’est donc L’avare de Molière versus Jérôme Deschamps qui ouvre le festival au Plessis-Macé. « Il a repris la pièce l’an passé à Grignan, pour un nouveau format. C’est exigeant, populaire, beau, un tube absolu, le public connaît toutes les répliques. » Ensuite, Fin de partie, avec Denis Lavant et Frédéric Leidgens. « C’est une lecture facile et abordable d’une œuvre qui peut paraître absurde. Ça devient presque une comédie. » Classique aussi en clôture avec Le jeu de l’amour et du hasard : « J’ai vu le spectacle 10 jours avant de boucler la programmation et j’ai eu un tel coup de cœur que j’ai changé mes plans. On embarque avec une bande de jeunes pour un spectacle vif et ultra-intelligent. Le public est debout et j’étais à 2 doigts de me lever avant la fin, tellement ça chatouille les pieds. »
L’Avare Lundi 3 et mardi 4 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
Fin de partie Vendredi 21 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers.
Le jeu de l’amour et du hasard Mercredi 26 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
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Les comédies
Jean Robert-Charrier explique vouloir tirer les comédies vers la qualité. « Je n’ai pas résisté au Jour du kiwi, avec Jugnot père et fils. Gérard Jugnot me fascine, je le trouve merveilleux, drôle avec un jeu intelligent et sincère. » Lorsque l’enfant paraît, avec Catherine Frot et Michel Faux, a triomphé à la Michodière : « C’est brillant, techniquement costaud et raccord avec l’actualité. Un élu de la droite conservatrice finit par trouver un intérêt à L’IVG. » Du rire intelligent, avec L’effet miroir de Léonore Confino, pour une soirée entre amis inattendue. « Vidéo Club, avec Noémie Lvovsky et Yvan Attal, est une pièce de Sébastien Thierry très bien construite et hilarante… Ils reçoivent tous les jours une vidéo compromettante d’eux-mêmes dans leur cuisine, ça parle du couple comme rarement. » Du rire il y en a aussi dans les spectacles consacrés aux personnages historiques.
Le jour du kiwi Lundi 10 et mardi 11 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
Lorsque l’enfant paraît Lundi 10 juin à 19h, Grand-Théâtre, Angers.
L’effet miroir Jeudi 13 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
Vidéo Club Lundi 24 et mardi 25 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
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Les coups de cœur
La section préférée du directeur artistique. « Mes 3 coups de cœur sont tout aussi populaires et divertissants mais ils traitent de sujets importants qui font grandir le spectateur. » Alors, on se jette sur La Tendresse de Julie Berès. « Une figure du théâtre subventionné. Elle m’a ébloui avec sa troupe de garçons qui témoignent de ce qu’est la masculinité en 2024. Hétéros et homos, blancs et noirs, de toutes origines, danseur classique et hip hop. Leurs discours m’ont passionné, ils sont des dieux absolus de la danse et de la comédie. C’est sublimissime. » Désobéir, toujours de Julie Berès, est le pendant féminin. « C’est aussi un spectacle qui repose sur des témoignages et elles ont un charisme monstrueux. » On aura donc une soirée sur les femmes le 18 juin avec à suivre, Interruption, de Sandra Vizzavona, sur l’IVG, avec Pascale Arbillot. « C’est tout sauf un spectacle qui surfe sur l’actu. J’ai été bouleversé, passionné par tout ce que j’ai appris. Ça s’adresse à toutes et à tous. Un merveilleux moment humain et théâtral. »
La tendresse Lundi 17 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers.
Désobéir Mardi 18 juin à 20h30, Cloître Toussaint, Angers.
Interruption Mardi 18 juin à 22h, Cloître Toussaint, Angers.
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De VGE à Poiret-Serrault
Entrée politique avec Le dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing. Par des artistes du Nouveau Théâtre Populaire de Fontaine-Guérin : « On suit 7 ans de la vie de la France. C’est drôle, historiquement passionnant, avec une belle scéno. C’est vraiment bien foutu.» Humour avec Il a la côte Devos ! Un hommage à l’artiste inoubliable par une brochette de vedettes : Christophe Alévêque, Arthur et Gérard Jugnot, Mathilda May, Sylvie Testud. Mis en forme par Daniel Benoin, « c’est l’anti stand-up et anti vannes ». Pauline & Carton, c’est évidemment un hommage à Pauline Carton. Muse de Guitry, confidente, œil de Moscou, cantonnée à des rôles de soubrettes, mais hilarante. « Interprété par Christine Murillo, qui a eu 4 Molières avec d’autres spectacles, c’est un seule-en-scène jubilatoire et délirant. Elle est merveilleuse.» Depuis son arrivée au Festival d’Anjou, Jean Robert-Charrier essaie de faire revenir son prédécesseur, Nicolas Briançon. C’est chose faite avec Poiret-Serrault - extraits extra. « Avec François Berléand et Nicolas Briançon, c’est un spectacle savoureux que j’ai découvert au Petit-Montparnasse. C’est vif et brillant. Ils s’accordent merveilleusement.»
Le dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing Mercredi 5 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
Il a la côte Devos ! Mercredi 12 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
Pauline & Carton Mercredi 12 juin à 20h30, Bouvet-Ladubay, Saint-Hilaire-Saint-Florent.
Poiret-Serrault - extraits extra Vendredi 14 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
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De Camille Chamoux à Catherine Hiegel
Outre les personnalités disparues, Jean Robert-Charrier entend aussi inviter des figures majeures du théâtre et pratiquer le grand écart. Il s’enthousiasme donc pour Camille Chamoux, qui est beaucoup venue au festival mais aussi au Quai. Il lui a donc proposé une carte blanche intitulée Pain surprise - une soirée pleine d’espoirs (et de frustrations). « Elle relève le défi de cet énorme travail. Il y aura beaucoup d’intervenants autour d’elle. Et ça ne se jouera que là.»
Archi fan de Catherine Hiegel, le directeur artistique la programme à nouveau dans Les gratitudes de Delphine de Vigan. «Créé au 104, c’est un spectacle extrêmement humain, un magnifique rôle difficile puisque Catherine joue une ancienne parolière de chansons dans un ehpad. Ça n’est pas plombant, ça commence même par un karaoke géant.»
La contrebasse, de Patrick Süskind, c’est le spectacle qui a été créé par Jacques Villeret et qu’on retrouve ici par Jean-Jacques Vanier. «Il est le tonton qu’on voudrait tous avoir à table et un grand acteur. C’est drôle, c’est fin.»
Les Belges Eve Bonfanti et Yves Hunstad sont «des héros nationaux qui ont créé La tragédie comique il y a 40 ans. Un triomphe. C’est difficile à raconter mais ça atteint un niveau de poésie et de folie hallucinant. Un phénomène et une définition parfaite, claire, limpide et drôle de ce qu’est être comédien.»
Enfin, Quinze rounds avec Richard Bohringer, mis en scène par sa fille Romane. «Sans doute son dernier spectacle mais c’est un merveilleux moment. Le regard d’une fille sur son père qui est un monument du spectacle et du cinéma français. C’est bouleversant.»
Et côté coup de cœur pour toute la famille, Cocorico, par l’acteur-performer Patrice Thibaud et son acolyte Philippe Leygnac : «Une sorte de Laurel et Hardy mélangés à Chevalier et Laspalès et au clown Zavatta. J’ai ri comme un gamin. C’est un peu comme Les gros patinent bien.»
Pain surprise - une soirée pleine d’espoirs (et de frustrations) Jeudi 6 et vendredi 7 juin à 21h30
Les gratitudes de Delphine de Vigan. Mercredi 12 juin à 19h, Grand-Théâtre, Angers.
La contrebasse Mercredi 19 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers.
La tragédie comique Mercredi 19 juin à 20h30, Le Dôme, Saumur.
Quinze rounds Jeudi 20 juin à 20h30, Le Dôme, Saumur.
Cocorico Jeudi 20 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers.
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74e Festival d’Anjou 2024 Du 3 au 26 juin.
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Photos : Lorsque l’enfant paraît © Marcel Hartmann / Fin de partie © Pierre Grobois / Le jour du kiwi © Cyril Bruneau / Désobéir © Axelle De Russe / Interruption © JMD Production / Poiret-Serrault - extraits extra © Fabienne Rappeneau / Pain surprise - une soirée pleine d’espoirs (et de frustrations) / Camille Chamoux © Christophe Martin / Festival d’Anjou / Chabada 2022 / Les Gratitudes © Jean-Louis Fernandez
